mercredi 18 janvier 2012

requiem pour une rime



Minuit, l’heure du crime : un requiem se fait entendre
Sur un air en La mineur, le serial rimeur entre dans la danse 
La rumeur se propage, les lettres se font un sang d’encre
Le bruit court dans mes propres pages que ma plume est d’humeur sanglante

Cette nuit, à aucune autre, n’est ressemblante 
Et ça, les mots, les accents, les syllabes le ressentent 
La peur se lit dans l’expression des victimes innocentes 
Pour la ponctuation, la situation est embarrassante

Les rimes s’embrassent, car elles sentent que la fuite est inutile 
Certaines pressentent leur fin lorsqu’elles croisent une figure de style
Quand elles voient mon stylo, les voyelles elles-mêmes se mutilent 
Les majuscules se font minuscules tant ma plume est hostile

L’alphabet veut se faire la belle, mais dans la minute, il
Se rappelle qu’c’est à la fois bête et futile quand ma mine rutile 
Quand sonne l’heure des consonnes, celles-ci rêvent d’être sur une île 
Elles pleurent, mais personne ne les console de peur d’être puni

…Puis, dans une pluie d’encre de Chine, le cancre se déchaîne 
Le verbe courbe l’échine : j’assassine à la chaîne 
D’une écriture trash, pleine de ratures, de tâches : à l’ancienne 
Chacun la sienne, la mienne frappe les phrases comme à la machine 

Les mots en chient, car pour eux, les pires des maux s’enchaînent 
Je les mâche, je les crache et même les gros mots les plus moches en saignent 
Je les aligne ; entre les lignes, les uns cherchent un signe
Je leur enseigne que rien ne sert que les autres se renseignent 

La lune est blême à l’heure où le rimeur entre en scène
Ma plume est pleine, malheur à la rime qui erre et qui se traîne 
Le rimeur tue l’ennui : le meurtre, c’est ce qu’il aime
Minuit, l’heure du crime : entends-tu ce requiem 






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